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  • Photo du rédacteurLucas Laberenne

Les échecs et la culture


Echiquier ©LaberenneLucas

Il est le seul jeu de société à avoir traversé les siècles en suscitant autant de ferveur. Les échecs et leurs millions de possibilités ont tout simplement révolutionnés le visage de la stratégie de plateau. De plus, la partie s’est aussi dotée d’une empreinte culturelle qu’on ne soupçonne pas toujours. Littérature, peinture ou encore cinéma, focus sur la culture des 64 cases les plus célèbres de l’histoire.


Né en Asie dans une période encore non déterminée (même si on soupçonne l’an 600 après J-C), les échecs se sont vite imposés comme le best seller des jeux de plateaux, intemporels et terriblement efficaces. D’abord réservé aux élites et aux salons de noblesse, c’est aujourd’hui un jeu populaire, familial, qui regroupe des millions de joueurs à travers le monde. Ses champions sont célèbres, ses possibilités infinies, et son histoire, en perpétuelle évolution. Plus qu’un jeu, les échecs sont d’ailleurs parfois considérés comme une philosophie, un symbole de complexité. Par les images, l’art ou les mots, le jeu se crée alors une empreinte culturelle unique.


Au coeur des mots

En littérature, nombreuses sont les références faites au jeu. Axées en allusion de duel ou en véritable trame, ces dernières, rendent souvent de petits de chef d’oeuvre. On peut par exemple trouver « Le Joueur d’échecs », de Stefan Zweig, et « La Défense Loujine », de Vladimir Nabokov, qui placent tout deux, le jeu au centre de leur intrigue.


Du côté des allusions et clins d’œil bien trouvés, on notera aussi « Un combat », de Patrick Süskind ou encore « Fin de partie » de Samuel Beckett. Dans ces œuvres, les auteurs font appel à des symboliques de ce duel en rappelant sa stratégie ou en y faisant des comparaisons avec l’humain. Une partie symbolisant l'affrontement de deux esprits, la course à la meilleure anticipation.


En effet, les échecs ont également une assez forte représentation philosophique. On peut par exemple évoquer les travaux d’Amédée PONCEAU, qui fit de nombreuses références au jeu dans ses thèses. En remarque au célèbre tableau        « Turc », il notera notamment qu’un joueur d’échecs ne peut être un automate, évoquant alors la vérité et l’avenir.

(s'il avait su...)


“Le joueur non automatique est le perpétuel inventeur d'un ordre stratégique dans lequel prend place chaque coup joué, sans que ce coup à lui seul constitue jamais la stratégie totale. Ce sont d'autres coups antérieurs ou bien seulement pensés tout d'abord pour être ultérieurement exécutés, qui lui donnent ou promettent de lui donner l’efficacité”


Ainsi, les échecs, par symboliques et représentations, on su se faire une place dans le milieu littéraire. Par un mot, une phrase, ou un chapitre le jeu s’installe dans la lecture et crée une atmosphère. Mais en culture, il n’ a pas que les mots, les échecs ont aussi su se peindre une image.


Coté Images

En images, ces symboles sont parfois utilisés pour des scènes. Les échecs incarnent en effet cette dimension de duel, de stratégies et d’anticipations très utilisées au cinéma ou au théâtre. Qui n’a jamais visionné cet instant, où les deux personnages clé partagent un dialogue autour d’une partie ? L’effet, est souvent dramatique, d’attirer le spectateur sur une dualité, un moment précis, avec intelligence. Le jeu servant alors, l’espace d’un instant, de support à l’affrontement. Par un dialogue, une relation, ou même par métaphore, leur présence se fait permanente pour qui la cherche.


Comme avec les livres, c’est avec leurs représentations que les échecs se font une place à l’image. Qu’elle soit directe ou imagée, celle-ci se crée par le drame ou le simple symbole. Le tout, étant de marquer l’écran et le spectateur, avec ce célèbre plateau.




Pour le cinquième art, notons comme exemples incontournables :








Les tableaux ne sont pas en reste, la peinture s’est bien plus emparée du jeu qu’on ne pourrait le croire. Du moyen-âge jusqu'à nos jours, c’est toute l’histoire de l’Humanité qui pourrait être reconstituée à partir de diverses représentations. Tous les styles picturaux y passent : Renaissance, Baroque, Classique, Romantique, Impressionnisme, Expressionnisme, Cubisme, Surréalisme et même Pop-Art ! Souvent, les tableaux représentent leurs techniques ou leur dimension psychique, rendant alors hommage à l’histoire des 64 cases.


Aucun jeu n’est aussi présent dans les mots et dans l’image. Sans doute par symboles et fascinations, les échecs perdurent dans le monde de la culture. Enfin, le jeu revêt d’un visage 2.0 ces dernières années, qui promet de lui assurer une bonne longévité.



(tableaux : Laurent Chimento en haut / Jean-Pierre Alaux en bas à gauche/ Karl Gottlieb "Turc" milieu droit / Honore Daumier en bas à gauche)





Un rayonnement perpétuel

L'avènement d’Internet, des robots, ont radicalement changé l’apprentissage et le rapport aux échecs. Deep Blue a représenté une étape, un franchissement. Aujourd’hui, ce sont près de 35 millions de joueurs qui se retrouvent en ligne pour s’affronter (seulement sur chess.com). Les clubs se multiplient, les cours en ligne se diversifient, et la difficulté ne cessent de s’intensifier avec inventivité.


De plus, la renommée et la présence du jeu est mondiale. Les tables dans les parcs sont fréquentes autour du globe, les joueurs, de toutes origines. Le jeu est aussi un facteur de rencontres et d'échanges puissant. Peu importe la langue, tout le monde connaît les règles.



Les échecs ne représentent donc plus ce jeu d’élite complexe et réservé. Les variantes sont grandissantes, les communautés solides. Ce qui fait la force du jeu, ce sont ses multiples niveaux. Vous pouvez être aussi bien un joueur de salon et des dimanches, qu’un champion national acclamé. Tout joueur peut trouver son plaisir avec ses objectifs. Simple à apprendre, dur à maîtriser, voilà  la précieuse nuance de l’échiquier.



L’empreinte des échecs semble donc éternelle, ancrée dans la culture et dans l’intellect commun. Fascination stratégique, philosophie et hommage à l’histoire, le jeu à tout pour séduire. Ce sont quelques pièces de bois qui ont révolutionné les notions d’anticipations et de plateaux. Leurs images devenant symboles et leurs pratiques sociales.


“Pour moi, les échecs ne sont pas un jeu mais un art ”


Laberenne Lucas

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