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  • Photo du rédacteurLucas Laberenne

Chronique Ciné : “Les 7 de Chicago”


« Les Sept de Chicago » : quand l’Amérique juge l’insurrection

Sorti en octobre 2020 sur Netflix, le film Les Sept de Chicago est la dernière création du scénariste et producteur Aaron Sorkinv, que l’on connait notamment pour Le Grand Jeu, paru en 2017. Dans cette œuvre que l’on peut qualifier de drame historique, le réalisateur retrace l’histoire du célèbre procès des Chicago Seven datant des années soixante. Alliant malice et ingéniosité, la pellicule délivre en détails les coulisses d’une histoire d’influences.

Abbie Hoffman, Jerry Rubin, David Dellinger, Tom Hayden, Rennie Davis, John Froines et Lee Weiner sont les sept de Chicago. Dans le contexte de la guerre du Vietnam, ces hommes incarnent chacun à leur manière l’Amérique antimilitariste, opposée au gouvernement Johnson. Alors, lorsque la convention nationale de 1968 qui doit désigner le candidat démocrate à la future présidentielle résonne à Chicago, le groupe se réunit et s’organise pour manifester dans toute la ville. En réponse et sous la pression du maire Richard Daley, la police est violente, les blessés graves, et les saccages se comptent par dizaines. À la suite de ces événements au bilan lourd, les Sept sont poursuivis par le gouvernement fédéral au motif de conspiration. S’engage alors, un procès historique aussi insolite que passionné…


L’art du dialogue

Certains lui ont reproché son manque d’action, de mouvement et de vivacité. Mais à l’heure où on demanderait à une réalisation de révolte de marquer son public par l’image, Aaron Sorkinv prend le contrepied et prône un film épanoui dans la lenteur de ses phrases. Car oui, les dialogues incarnent le plus bel atout des Sept de Chicago. Par les attaques cinglantes du procureur, par les railleries noires de certains accusés, ou encore par les monologues maîtrisés de La Défense, l’œuvre nous tient sur ses lèvres. Par de courtes et longues explications, le public est pleinement immergé dans l’affaire. Via ses intonations et l’ingéniosité de sa narration, les Sept nous permettent de ressentir l’amertume de l’injustice et l’influence de la politique sur un procès clé.


Mais alors côté images, ça donne quoi ?

Eh bien les sept de Chicago ne sont pas complètement dénués de sens et d’intérêt à l’image. Car oui, même s’il faut reconnaître que la majorité des scènes principales sont assez statiques et concentrées sur le tribunal, le film utilise des flash-back intenses pour dynamiser le tout. Lors de ces derniers, nous sommes plongés en image dans le déroulé de la manifestation. Violente, terne, bouillante, elle fait véritablement contraste au procès, dans un dosage réussi. Ainsi, nous pouvons pleinement apprécier l’efficacité des dialogues sans jamais tomber dans l’ennui, aussitôt dynamité par la brutalité de ces analepses.


Une histoire étrangement actuelle

Enfin, le film se dote également de lectures philosophiques et politiques intéressantes. Comment un groupe se défend alors que ses opinions politiques sont divergentes ? À quel point le système peut-il bafouer ses lois pour garder le dernier mot ? Que représente le juste ? Qu’est-ce qu’une condamnation légitime ? La loi a-t-elle raison ? L’œuvre soulève ces questions avec finesse. Son message permet de comprendre l’histoire, mais il apporte également des ficelles à la compréhension du monde actuel.


En bref, Les Sept de Chicago c’est une réussite narrative qui a osé s’assumer. Aaron Sorkinv offre un film historiquement précis, habillé de dialogues savoureux. Certes, il faut y plonger pour apprécier son rythme, mais une fois conquis, vous deviendrez le juré clés d’une affaire incroyable…


Bande-annonce :


Laberenne Lucas


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