C’est le 2 septembre 2019 que Lune Noire nous est dévoilé. Entre narration et ode à l’enfance, Sheldon nous plonge dans un profond besoin d’évasion. Zoom sur le codex 444.
Lune noire est un conte. Un conte qui emmène les auditeurs dans un univers futuriste. Les hommes et les machines se font la guerre. L’on nous présente un gamin. Un enfant qui pourrait être la clef de la paix. Perdu dans ses sentiments, il découvre la vie et ses cruautés, tout au long des dix-neuf pistes. Accompagné de Celestino, Shien et M le maudit, Sheldon nous embarque dans son monde. Mais que raconte l’histoire ? L’aventure de ce gamin, ne cacherai-t-elle pas des symboles, des significations ?
Ce que l’on peut comprendre du projet :
Des éléments comme guides
«Dis moi ce que t’entends quand tes yeux sont fermés». Une phrase répétée près d’une dizaine de fois dans le projet. Cet enfant, qui est un croisement entre machine et sentiments humains, semble ne se sentir réellement proche que des éléments et de ce qu’il perçoit. Après une humanité qu’il a déçu dans le son «Carnaval» l’enfant se réfugie dans ses ressentis et dans la nature. La montagne, la lune et le vent sont majoritaires. Ils semblent presque être des personnages à part entière. La lune inspirant la crainte, le vent le soutient, ou encore la montagne ses origines.
La nature et les éléments dressent en fait la totalité du décor de Lune Noire.
L’on entend le souffle du vent avec «Vent», l’échos des vagues dans «Ocean», le chant des oiseaux dans «Foret». Mais c’est aussi l’espace et ses comètes, la tempête, le désert et les flammes qui sont présents. L’immersion se veut totale. Chacun de ces élément ont un influence précise sur l’aventure de l’enfant. La pluie est un mauvais rêve, la nuit est un obstacle. Les éléments forment aussi le décor moral du gamin.
Sur ce projet, Sheldon invite à porter attention sur ce que l’on ressent. On nous invite à vivre avec les chants du vent et à écouter nos sensations. L’enfant est donc le témoin d’un premier message, mais ce n’est pas le seul.
Grandir, une épreuve
Si l’enfance vous échappe à l’écoute de ce projet, vous passez sans doute à coté du message principal de Lune Noire. En effet, d’innombrables éléments de l’album nous ramènent à l’enfance et son fonctionnement.
D’abord, par l’imaginaire. Dès le premier son «Vent», on évoque un palais volant, le langage des oiseaux, l’apesanteur et le voyage. Cette environnement s’accompagne aussi d’un vocabulaire simple et en proie aux aventures. L’on évoque les châteaux, les épées, les doudous les rois et les combats. C’est bien l’univers d’un gamin qui nous est offert, mais c’est aussi sa psychologie.
L’enfant découvre et s’émerveille de tout. De «Intro» à «Orage», il se rêve une vie ou il envisage le monde avec un ami qui penserait comme lui.
« À peine arrivé chez les hommes l'enfant cherchait leur contact, il se mit à errer dans la ville un peu abasourdi par le vacarme carnavalesque de ses habitants » Interlude 1
Le décor est décrit. Les rythmiques rapides font penser à une marche amusé d’un enfant, c’est impatient et joyeux. Les sentiments internes sont dévoilés.
Le gamin appréhende mais découvre avec excitation tout ce qui l’entoure. Bruits, réactions, rêves, il s’émerveille de l’homme et de son monde. Mais la désillusion s’empare vite de lui.
En effet «Doudou», «Orage» et «Ocean» marquent un tournant dans l’album. L’enfant est rejeté. Par sa différence, il ne s’intègre pas. Une foule de sentiments se bousculent. Les mélodies, la rythmique, tout s’emballe, puis le gamin tue. Il ne fallait pas s’en prendre à son seul ami, le doudou.
Lune noire nous confie ici un deuxième message. L’enfance est d’une rare violence. Les mots sont crues, la différence n’est pas admises. L’on se retrouve alors seul, car incompris.
La seule rédemption, se trouve alors peut être dans les regrets qui font grandir.
Une légende muette
Une fois le calme revue, après son voyage sur l’«Ocean», le gamin grandit et devient responsable d’une grande mission.
«La mission dont il se sentait investi le dépassait. Le lapin révèle ensuite au gamin qu'une épée sacrée se trouve sur la lune. Quiconque la ramènerait sur terre pourrait enclencher le générateur universel et remettre le courant. Et ainsi il mettrait fin à la guerre» Interlude 2
Il va récupérer l’épée qui est sur la Lune pour effacer ses fautes et ainsi sauver l’humanité qui l’a pourtant rejeté. D’abord, il cible ce Roi, qu’il pense être à l’origine de cette guerre.
«Le gamin voudrait bien rétablir la paix, pour une fois, il veut réfléchir et agir après» Épée.
Ce son, témoigne de la prise de maturité de l’enfant. Il réfléchit et prend conscience de son pouvoir. Il lutte contre elle et lui résiste. Il n’a désormais qu’une seule chose en tête : rétablir la paix. L’épilogue se profile. «Aurore» dessine l’après combat, l’instrumentale s’apaise. Il pense à tout ce qui le rattache à cette terre. Il devient l’être le plus humain au milieu du chaos. Dans le «Château», aucun roi ne lui fait face. Alors, il prend la place ce celui qu’on pensait à l’origine de tous les soucis. Le gamin se sacrifie, il est contraint de porter la couronne. Tout est rétablie.
«L'Histoire sera amnésique» Château
En effet, l’histoire prends une dimension tragique à cet instant. Le gamin a sauvé tout le monde, mais personne ne le saura jamais. Il se retrouve salvateur sans nom. Seuls quelques robots parleraient de lui les soirs de Lune Noire, donnant ainsi son nom à l’album. Là s’achève le message sur l’enfance. Même si violente, tragique, triste et parfois éprouvante elle est à l’origine de grandes histoires, essentielles au fonctionnent du monde. Sans elle, personne ne peut grandir.
C’est sans doute lorsque nos yeux sont fermés, qu’ils se trouvent être les plus ouverts.
Point graphique
« 1/4 de Lune », « 2/4 de Lune », « 3/4 de Lune » et « 4/4 de Lune » annoncent le projet. Ces clips sont sombres, faits de dessins animés. L’atmosphère de l’album se met en place. De plus, la veille de la sortie, une exposition à la Galerie Floreal Belleville est faite. Elle permet de découvrir en avant-première l'univers visuel du projet. Cette dernière, sera d’ailleurs accompagnée d'un jeu vidéo et d'une BD présente sur le site officiel de Lune Noire.Plus qu’un album, c’est également une identité graphique qui est développée.
Vidéo «Prophétie», présente à la galerie Floréal Belleville pour l’exposition Lune Noire.
Affiche de l’exposition
Outro
L’enfant est aujourd’hui un roi qui veille sur nous. Son doudou n’est jamais loin. La montagne, Marilyn et le lapin sont fiers de lui.
On ne peut pas résumer Lune Noire en quelques lignes. Il s’agit d’un album de création qui pousse aux rêves, à l’imagination et aux mille interprétations. Il est le fruit d’un long travail, et ça s’entend. Mélodies, paroles, atmosphères tout est millimétré. L’immersion est totale. Sheldon et la 75e session signent un projet abouti et unique.